Grève historique au Cnes : qu’est-ce que le “New space”, au cœur de toutes les inquiétudes ?

Le Centre national des études spatiales (Cnes) a connu jeudi 14 avril une grève historique. L’objectif, dénoncer le transfert d’1,5 milliards d’euros d’argent public vers des entreprises privées. Un choix que le gouvernement justifie par le besoin de “rattraper le retard” sur un marché très concurrentiel.

Plusieurs centaines d’employés qui cessent le travail simultanément, au centre spatial de Toulouse, on n’avait jamais vu ça. Le Cnes a connu jeudi 14 avril une grève historique, avec plus d’une centaine de salariés mobilisés à l’appel d’une intersyndicale. Le mouvement ne s’est pas limité au site principal, situé en Occitanie, mais a aussi gagné les centres de Paris et Kourou, en Guyane.

1,5 milliard d’euros pour des sociétés privées

Au cœur de la grogne, le nouveau contrat d’objectifs qui vient d’être officialisé par le gouvernement. Ingénieurs, techniciens et personnels administratifs du Centre national des études spatiales dénoncent l’abandon d’une partie de la recherche spatiale à des entreprises privées.

Ce contrat d’objectifs et de performances donne les orientations du Cnes pour les quatre prochaines années. Et il prévoit le transfert d’1,5 milliards d’euros d’argent public vers des projets spatiaux portés par des entreprises privées.

Si dans cinq ans, la start-up a coulé, elle a coulé. Et l’argent public, il aura été dépensé

Problème, les scientifiques du Cnes alertent en parallèle sur l’arrêt de certaines recherches en interne, faute de financements suffisants. “On donne un blanc-seing à des gens dont on sait qu’ils n’ont pas actuellement les compétences techniques pour le faire. Et on leur dit : faites avec ça et puis on se revoit dans cinq ans. Et puis, si dans cinq ans, la start-up a coulé, elle a coulé. Et l’argent public, il aura été dépensé”, dénonce Damien Desroches, ingénieur et délégué CGT, chez nos confrères de franceinfo.

Une stratégie d’investissement sur les start-up assumée par l’État et la direction du Cnes. L’objectif, “faire émerger des champions français et européens du New space”, comme le détaillait en janvier dernier Philippe Baptiste, président du Cnes, cité par La Dépêche.

Le “New space” ou la recomposition de l’industrie spatiale

Mais qu’est-ce que le “New space” ? Ce terme désigne la redistribution des rôles sur le marché toujours très concurrentiel d’industrie spatiale. Aux côtés des acteurs traditionnels – Nasa et agences spatiales européennes et russes notamment – sont venus se glisser des acteurs privés, dont la société Space X du milliardaire Elon Musk.

Pour garder sa place, la France a fait le choix à travers ce nouveau contrat d’objectifs et de performances de ne plus s’appuyer uniquement sur le Cnes, mais aussi sur des acteurs privés, notamment des start-up émergentes. À l’occasion des 60 ans du Cnes, le Premier ministre Jean Castex était même allé plus loin, parlant d’un plan mis en action pour “rattraper le retard sur certains segments des marchés clés”.