REFORME La réforme des retraites imaginée par le candidat Macron pourrait finalement obliger un départ minimum à 64 ans, et non à 65
- La réforme des retraites proposée par Emmanuel Macron en cas de second mandat pourrait bien changer d’âge minimum de départ.
- Le candidat n’a en effet pas fermé la porte à une réduction de l’âge de départ de 65 à 64 ans.
- Quelles conséquences économiques aurait ce genre de changement ? A 65 ans, donc, mais aussi à 64, ou encore à 62 ?
Emmanuel Macron, qualifié pour le second tour de la présidentielle, a indiqué pouvoir mettre de l’eau dans son vin sur la principale réforme annoncée en cas de second mandat : la réforme des retraites, qui passerait notamment l’âge de départ à 65 ans. Interrogé lundi sur cette mesure polémique, qu’il n’a pas su mener à son terme au cours de son quinquennat, le candidat a indiqué qu’il était « prêt à bouger le rapport au temps et dire qu’on ne fait pas forcément une réforme jusqu’en 2030, si je ressens trop d’angoisse chez les gens. »
Autre changement dans une doctrine jadis intangible, « les 65 ans ne sont pas un dogme », a ajouté le président, « ouvrant la porte » à une retraite à 64 ans si la société était trop tendue sur le sujet. En ce cas, « il faudra s’arrêter en 2027, et ne pas préempter la suite » de la réforme, a-t-il précisé, le projet visant à retarder l’âge de départ de 4 mois par an dès 2023. Le président et le Premier ministre, Jean Castex, imaginent également un référendum sur le sujet. Alors votre retraite, vous la préférez à 62, 64 ou 65 ans ? 20 Minutes fait le point sur les différents scénarios.
La retraite à 62 ans
Pour une raison ou pour une autre, imaginons que la réforme des retraites n’est pas mise en place. L’âge de départ reste donc à 62 ans. Selon le rapport annuel 2021 du Conseil d’orientation des retraites (COR), « même sans réforme, le poids des retraites dans le PIB va décliner dans les prochaines années ». Le régime devrait retrouver une « trajectoire maîtrisée à horizon 2070 », où le système serait en moyenne en excédent de 0,4 % du PIB, soit un niveau similaire à 2019, avant la crise sanitaire. Cette amélioration s’explique par une baisse du gain d’espérance de vie sur la période, à court terme par la surmortalité due au Covid-19, ainsi qu’à la révision à la hausse du PIB, précise le rapport
« Il n’y a donc pas nécessité de réformer les retraites pour les sauver financièrement », souligne Michaël Zemmour, maître de conférences en économie à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et coauteur du Système français de protection sociale (La découverte, 2021). « En réalité, les gains d’une éventuelle réforme serviraient à réduire les dépenses publiques, pas à maintenir le système en vie », poursuit l’expert.
Selon un rapport de la Drees de 2019, « l’âge moyen conjoncturel de départ à la retraite s’élève à 62 ans et 2 mois pour les retraités de droit direct résidant en France. Il est en augmentation depuis 2010 (+1 an et 8 mois), c’est-à-dire juste avant l’entrée en vigueur de la réforme des retraites de la même année ».
Henri Sterdyniak, économiste à l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), nuance en rappelant que « plus les années passent, plus les gens commencent le travail tard, et donc partent après 62 ans pour avoir le taux plein, ce dernier nécessitant 42 ans d’activité, et bientôt 43. En réalité, le départ à la retraite va de plus en plus devoir être avancé si on veut toucher une pension complète. »
La retraite à 64 ans
Frédéric Bizard, économiste de la Santé, rappelle les chiffres : « Avec l’avancement de l’âge du travail, l’âge effectif pour toucher le taux plein devrait passer à 64 ans d’ici à 2030. Passer la retraite à 64 ans ne changerait donc pas fondamentalement grand-chose, ce serait juste suivre la tendance. » Selon un rapport du COR en 2019, « la plupart des assurés (…) se conforment à une norme sociale : partir au taux plein. Environ huit retraités sur dix partent dans ces conditions ». Mais Michaël Zemmour conteste : « Avec la retraite à 62 ans, on laisse le choix aux gens, tout simplement. On peut avoir le droit de partir plus tôt, sans taux plein. » D’autant plus, dit-il, que « la retraite, c’est aussi préserver sa santé. Avoir le choix de partir tôt peut prendre une importance autre qu’économique ».
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