INTERNET L’agence française a reçu le feu vert du Conseil d’Etat pour collecter les données publiques sur les réseaux sociaux, afin de lutter contre la diffusion de fausses informations
Viginum est officiellement opérationnelle. Le décret établissant les modalités d’action et outils de la nouvelle structure gouvernementale chargée de traquer les ingérences numériques étrangères a été publié jeudi au Journal officiel. Viginum, qui dépend du Secrétaire général de la défense et de la sécurité nationale (SGDSN), « est autorisé à mettre en œuvre un traitement informatisé et automatisé de données à caractère personnel », selon le texte.
Le décret prévoit notamment que Viginum puisse travailler sur les plateformes qui nécessitent une inscription, comme Facebook ou Twitter, que les données collectées puissent être gardées pour une durée maximum de six mois et que la collecte ne soit pas automatique et constante, mais déclenchée après qu’un agent ait détecté quelque chose de suspect.
Surveillance des plateformes qui dépassent « cinq millions de visiteurs uniques par mois »
« Ce traitement a pour finalités la détection et la caractérisation des opérations impliquant, de manière directe ou indirecte, un Etat étranger ou une entité non étatique étrangère, et visant à la diffusion artificielle ou automatisée, massive et délibérée (…) d’allégations ou imputations de faits manifestement inexactes ou trompeuses de nature à porter atteinte aux intérêts fondamentaux de la Nation, notamment lorsque ces opérations sont de nature à altérer l’information des citoyens pendant les périodes électorales », indique le décret.
« Ce traitement repose sur la collecte et l’exploitation des contenus publiquement accessibles aux utilisateurs » de certaines plateformes, « dont l’activité sur le territoire français dépasse un seuil de cinq millions de visiteurs uniques par mois, y compris lorsque l’accès à ces plateformes requiert une inscription à un compte », précise le décret, qui ajoute que « les données ainsi collectées sont exploitées pour les seuls besoins de l’élaboration de notes d’analyse ».
Les tentatives d’ingérences numériques en hausse ces dernières années
La création de Viginum a été annoncée cet été et sa mise en place s’est faite progressivement depuis lors, en plusieurs étapes, notamment pour que les différentes autorités impliquées puissent s’exprimer sur l’encadrement et la limitation d’éventuelles atteintes aux libertés. « La sélection des contenus à collecter s’opère de manière proportionnée et automatisée » en respectant certains critères techniques dont « l’exclusion de tout recours à un système de reconnaissance faciale ou d’identification vocale », précise à cet égard le texte.
Les ingérences numériques, tentatives de manipulation des opinions sur les réseaux sociaux ou actions de piratage, se sont multipliées dans les campagnes électorales occidentales ces dernières années.