En effet, même chez Tesla, pionnier de ces assistants ultra-poussés avec son célèbre Autopilot”, le conducteur doit toujours garder les mains sur le volant, car il doit être en mesure à tout moment de reprendre le contrôle, voire de corriger une erreur potentielle du système.
Un principe de précaution dont peuvent désormais s’exempter les constructeurs automobiles, s’ils répondent aux exigences d’un cadre fixé par les Nations Unies début 2021 et retranscrit l’été dernier dans le droit européen.
Lâcher les mains du volant, sous certaines conditions
Mercedes vient ainsi d’annoncer qu’il serait le premier à proposer des modèles compatibles avec ce nouveau cadre légal. Dès début 2022, sa Mercedes Classe S et sa dernière grande berline 100% électrique EQS proposeront en effet une nouvelle fonction, baptisée “Drive Pilot”.
Concrètement, elle proposera au conducteur de faire autre chose pendant une phase de trafic dense ou de bouchons sur autoroute, et jusqu’à 60 km/h “dans un premier temps”., précise le communiqué de la marque à l’étoile. Un système donc proche de ce qui est disponible actuellement, qui associe régulateur de vitesse adaptatif (qui adapte la vitesse en fonction du véhicule qui roule devant) et suivi des lignes de la route.
La nuance entre les niveaux 2 et 3 de conduite “autonome” se situe justement dans la possibilité de lâcher ou non les mains du volant. Le conducteur peut ainsi lire un article, consulter son téléphone ou encore accéder à certaines fonctions accessibles depuis l’écran en laissant son véhicule avancer tout seul.
On ne pourra pas en théorie faire une sieste car il faut être en mesure de reprendre le volant rapidement. Mercedes ne précise pas le protocole exact mais on peut supposer qu’en cas, par exemple, de reprise du trafic, au-delà donc des 60 km/h, le système demandera au conducteur de replacer les mains sur le volant dès que possible.
Avec la même procédure qu’en conduite assistée plus classique, de niveau 2. Si le conducteur ne réagit pas aux alertes visuelles et sonores, en cas de malaise par exemple, le véhicule décélère, pour s’immobiliser avec les feux de détresse (“Active Emergency Stop Assist” dans la vidéo ci-dessous), en prévenant les secours via le système d’appel d’urgence e-call.
Actuellement les systèmes demandent de replacer ses mains dessus si elles ne sont plus détectées. C’est même le cas sur le système FSD (pour “full self driving”, ou capacité de conduite entièrement autonome) proposé par Tesla. Même sur la version la plus avancée, et qui a déjà donné lieu à des vidéos impressionnantes de conduite “sans les mains” aux Etats-Unis, il est bien précisé que le conducteur “doit toujours garder ses mains sur le volant”.
Cette évolution réglementaire était attendue depuis longtemps. L’Audi A8, que nous avions testée fin 2017, maîtrisait techniquement la conduite autonome de niveau 3... sans pouvoir la proposer faute de cadre légal l’autorisant.
La fonction va donc pouvoir être proposée enfin en 2022 sur 13.191 km de routes compatibles en Allemagne, précise Mercedes, ce qui correspond, à quelques kilomètres près, à la longueur du réseau autoroutier allemand.
A voir si Audi pourra aussi le proposer à son tour sur ses modèles les plus avancés comme son A8.
En France, la conduite autonome de niveau 3 pourrait aussi être déployée rapidement. L’adaptation du code de la route, actée l’été dernier pour justement prendre en compte ces cas de conduite de plus en plus autonome, doit s’appliquer “sur parcours ou zones prédéfinis dès septembre 2022”.
Peu de véhicules compatibles pour le moment
A priori et sans des modifications “hardware” qui seraient trop coûteuses, les Mercedes Classe S et EQS de la génération actuelle ne seront pas compatibles, nous a précisé Mercedes France. Même s’ils sont déjà équipés d’un Lidar, les véhicules doivent notamment recevoir des capteurs supplémentaires et un volant avec un bouton placée à une position originale directement dessus, à gauche, au-dessus des autres raccourcis liés aux assistants de conduite.
Le bouton permettant d’activer cette conduite autonome de niveau 3 et le voyant situé juste au-dessus doivent indiquer si la fonction est activable, activée et en état de fonctionnement, ou encore activée mais non fonctionnelle (en cas d’action du conducteur sur les freins par exemple ou d’une situation non-gérée par le système).
Mis à part l’Audi A8 et les Mercedes Classe S et EQS, peu de modèles disposent actuellement des équipements nécessaires pour la conduite autonome de niveau 3. Mais l’évolution réglementaire et ces premiers modèles compatibles devraient stimuler la concurrence.
Honda propose cette fonction sur une version vendue en série limitée de sa berline Legend depuis début 2021, le Japon étant le premier pays au monde à avoir encadré et donc autorisé la conduite autonome de niveau 3 sur la voie publique.