EPIDEMIE Pour limiter la cinquième vague de coronavirus, certains médecins préconisent une limitation des rencontres
- La cinquième vague de coronavirus frappe la France. En une semaine, le nombre de nouveaux cas quotidiens a augmenté de 61 %, frôlant les 30.000 cas par jour.
- Face à cette déferlante, beaucoup redoutent le retour de confinement ou de couvre-feu, comme on le voit en Belgique.
- Mais grâce à la vaccination massive, réduire ses contacts sociaux de 10 à 20 % pourrait suffire à empêcher la saturation de l’hôpital.
Ce mardi, le professeur Arnaud Fontanet, épidémiologiste à l’Institut Pasteur et membre du Conseil scientifique, a exhorté les Français à réduire leurs contacts sociaux « de 10 à 20 % » en raison de la cinquième vague de coronavirus qui déferle sur la France, dans une interview à nos collègues de France Inter.
Ce « petit effort », selon ses mots, permettrait d’aplatir la courbe des réanimations en France, de quoi suffire à éviter une saturation des hôpitaux et donc des mesures plus contraignantes pour endiguer l’épidémie. Alors, faut-il réduire nos contacts dès à présent et est-ce vraiment efficace ? 20 Minutes fait le point.
En quoi réduire mes contacts peut-il être utile ?
Le coronavirus est un virus principalement aéroporté qui se transmet par voie respiratoire majoritairement et par contact physique, plus rarement. En se diffusant dans l’air lorsqu’on respire et a fortiori quand on parle, crie ou chante, le virus infecte d’autres personnes, qui elles-mêmes en contamineront d’autres et ainsi de suite.
Partant de cet état de fait, moins on voit de monde, moins on risque d’en contaminer et ces personnes elles-mêmes non contaminées n’en contamineront pas non plus. « Réduire ses contacts sociaux, c’est donc casser les chaînes de transmissions du virus et participer au ralentissement de l’épidémie », note Marie-Aline Bloch, chercheuse en sciences de gestion à l’École des hautes études en santé publique et interviewée par 20 Minutes.
Actuellement, le R (taux de circulation du virus) est estimé à 1,55. Cela signifie qu’en moyenne une personne contaminée par le coronavirus va en contaminer 1,55. L’épidémie augmente donc. Plus il y a de contaminés, plus il y a de malades, plus les hôpitaux risquent d’être saturés.
La solution extrême reste le confinement : tout le monde chez soi, personne ne se croise (ou presque – courses alimentaires, travail en présentiel obligatoires pour certaines professionnelles…) et donc le virus cesse de se transmettre.
Où réduire le plus efficacement mes contacts ?
Il faut principalement réduire les contacts dans les lieux clos et sans masque : les repas chez quelqu’un ou au restaurant, les virées dans les bars, voire les séances salles de sport, si vous enlevez le masque pendant votre pratique sportive. A l’air libre, ou lorsque l’air est renouvelé, le virus se disperse plus vite dans l’air.
Selon une récente étude de l’Institut Pasteur, ce sont dans les bars, l’école et les salles de sport qu’on se contamine le plus. Une étude précédente, datant d’avril 2021, montrait déjà que 80 % des contaminations se faisaient en lieux clos fermés, contre 15 % en lieux clos avec fenêtres ouvertes, et seulement 5 % en extérieur.
Dois-je réduire mes contacts même si je suis vacciné ?
Arnaud Fontanet l’a bien noté ce matin sur France Inter, il existe une différence notable par rapport aux précédentes vagues : la vaccination massive. « On ne pouvait arrêter cette deuxième vague en octobre novembre 2020 qu’avec des mesures qui était celles du couvre-feu et du confinement. Grâce à la vaccination, les efforts pour freiner cette cinquième vague sont juste de diminuer nos contacts », a-t-il déclaré. En France, 90 % des personnes éligibles sont vaccinées et 75 % de la population totale. Cette vaccination évite en partie la saturation des hôpitaux, en réduisant de plus de 90 % le risque de formes graves et de décès.
Mais « être vacciné n’empêche pas de transmettre le virus ni de participer à sa circulation. C’est d’ailleurs l’une des erreurs qu’on constate chez les vaccinés. Ils relâchent totalement les gestes barrières », indique Marie-Aline Bloch.
Ensuite, le vaccin se montre moins efficace chez les immunodéprimés et chez les personnes de plus de 65 ans, chez lesquels les anticorps vaccinaux durent moins longtemps. Toutes n’ont pas eu le temps de faire leur troisième dose, a fortiori depuis la saturation de Doctolib avec la dose de rappel généralisé à la population. Enfin et surtout, il reste 10 % de personnes éligibles non-vaccinées, parmi lesquels 500.000 individus de plus de 80 ans, et 6,5 % des 65-75 ans, l’une des populations les plus à même de finir en réanimation. « Le but est d’empêcher les personnes susceptibles de faire des formes graves d’attraper le virus », appuie Marie-Aline Bloch.
Donc oui, même vacciné, il est utile de réduire vos contacts sociaux. A fortiori avec les variants plus contagieux que sont Alpha et surtout Delta – désormais en situation de monopole en France –, en attendant de savoir pour Omicron.
A partir de quand dois-je limiter mes contacts sociaux ?
Avec une moyenne quotidienne de 28.009 cas, en hausse de 61 % en seulement une semaine, la cinquième vague est bien là. Les hospitalisations, les réanimations et les décès sont en hausse. « Ça ne sert à rien d’attendre, plus vite on réduit ses contacts, plus vite on peut influer sur la vague », plaide Marie-Aline Bloch. Vous savez ce qu’il vous reste à faire