Violences conjugales : « Avec la plainte “hors les murs”, un agent de police se déplace pour venir la recueillir », explique Marlène Schiappa

  • En 2020, 159.400 victimes de violences conjugales ont été recensées, dont 139.200 femmes, un chiffre en hausse de 10 %.
  • Pour faciliter le dépôt de plainte par les femmes victimes de violences, Marlène Schiappa, présente son dispositif test « plainte hors les murs », qui permet d’appeler une brigade de police qui se déplace pour recueillir la plainte dans n’importe quel lieu.
  • La formation à l’accueil des victimes par les forces de l’ordre progresse selon la ministre déléguée qui prévoit 100 % d’effectifs de police et de gendarmerie formés d’ici à 2023.

La manifestation de #NousToutes de samedi l’a montré, la question des violences faites aux femmes reste un sujet prégnant quatre ans après avoir été déclarée « grande cause du quinquennat » par  Emmanuel Macron. Les violences conjugales, qui ont augmenté en 2020, sont l’un des axes de travail du gouvernement, en particulier de Marlène Schiappa, ministre déléguée à la Citoyenneté. En compagnie de Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur, Marlène Schiappa avait annoncé en octobre dernier, l’expérimentation à venir de brigades mobiles qui pourraient recueillir les plaintes de victimes de violences conjugales et intrafamiliales dans des lieux tiers, «  une plainte chez autrui ».

Ce mardi, la ministre déléguée se rend dans un commissariat du 13e arrondissement de Paris pour lancer ce test grandeur nature. En Île-de-France, les 13e et 14e arrondissements et la ville de Saint-Denis ont été sélectionnés pour y participer. En exclusivité pour 20 Minutes, Marlène Schiappa détaille ce dispositif.

En quoi consiste ce nouveau dispositif de « plainte chez autrui » ?

Nous sommes partis du principe que beaucoup de femmes n’osent pas se rendre au commissariat ou en gendarmerie pour porter plainte pour des violences conjugales, sexistes ou sexuelles. De peur d’être mal reçues, d’être vues ou reconnues. En plus de la plateforme arretonslesviolences.gouv.fr, et du service de SMS au 114, qui permettent aux femmes qui ne peuvent pas appeler la police, de signaler des violences dont elles sont victimes, nous avons voulu aller plus loin avec le ministre de l’Intérieur et permettre de porter plainte sans se rendre dans un commissariat. D’où ce dispositif de plainte chez autrui que nous appelons « Hors les murs ». Il va donner la possibilité aux victimes de porter plainte depuis n’importe quel lieu.

Que ce soit chez un ami, dans une mairie, dans les locaux d’une association, dans le cabinet d’un avocat, il sera possible d’avoir un policier ou un gendarme qui se déplace pour venir recueillir la plainte.

Cela permet de judiciariser les violences sexistes et sexuelles en répondant aux obstacles qui se dressent entre la victime et la plainte. Nous lançons ce test pour une durée de six mois dans les 13e et 14e arrondissements de Paris et dans la ville de Saint-Denis. Les départements du Vaucluse, du Pas-de-Calais, de la Sarthe, du Morbihan, de la Haute-Corse seront aussi inclus dans le dispositif.

Pourquoi avoir choisi ces deux arrondissements de Paris et Saint-Denis en région parisienne ?

Nous l’avons fait en concertation avec le préfet. Nous voulions, avec Gérald Darmanin, des lieux où l’on constate un nombre important de plaintes. Ce sont aussi des endroits où les commissariats sont à la pointe sur ces sujets, avec des référents, des intervenants sociaux qui peuvent accompagner les victimes, et assez d’agents qui peuvent se déplacer pour cela. Nous voulions aussi un maillage d’associations fort. C’est le cas, par exemple, à Saint-Denis qui a beaucoup d’associations historiques très engagées dans la défense des femmes. Les 13e et 14e arrondissements de Paris disposent aussi de plusieurs tiers-lieux associatifs où il sera possible d’aller porter plainte.