DUEL Le scrutin revêt un enjeu symbolique fort à quelques mois de l’élection présidentielle, après un quinquennat marqué par l’opposition entre maires et exécutif
Quoi qu’il arrive, il y aura du nouveau à l’Association des Maires de France, qui élit son président ce mercredi. François Baroin, maire LR de Troyes et président sortant, ne se représente pas, ce qui laisse un duel entre le vice-président sortant, David Lisnard, maire LR de Cannes, et le secrétaire général Philippe Laurent, maire UDI de Sceaux. Un scrutin indécis, car les maires peuvent voter à distance pour la première fois.
Alors qu’Emmanuel Macron recevra un millier d’élus à l’Elysée dans la foulée de 103e Congrès, les deux candidats s’opposent sur la ligne à tenir face à l’exécutif. David Lisnard, soutenu par François Baroin, se présente en garant de « l’ADN indépendant » de l’AMF, contre un Philippe Laurent plus proche de la majorité. Les deux hommes, dans leur discours mardi, ont cependant indiqué qu’ils ne soutiendraient aucun candidat à l’ élection présidentielle.
Troubles chez Les Républicains
Mais la proximité de Philippe Laurent avec l’Elysée est un angle d’attaque idéal pour son adversaire, qui a reçu le soutien d’Eric Zemmour. Le polémiste a estimé qu’une victoire de Philippe Laurent transformerait l’AMF en « succursale de l’ Élysée », où l’on assure n’avoir joué aucun rôle dans la candidature du maire UDI. A quelques mois de l’élection présidentielle, ce scrutin représente un enjeu symbolique majeur. « Si Lisnard gagne, LR va essayer de le présenter comme une défaite pour Emmanuel Macron », analyse un cadre de la majorité.
Reste que l’élection à la tête de l’AMF a également créé des remous au sein de LR. Le président de la région Paca Renaud Muselier a appelé les maires de sa région à voter pour Philippe Laurent, lançant une lourde charge contre le maire de Cannes, « niché dans son Palais des festivals », « du haut de son tapis rouge », alors qu’il est du même parti et de la même région. « Vengeance politique » et « caricature nauséabonde » de Cannes, a fustigé le chef de file des députés LR Damien Abad, quand le candidat Ciotti appelle à une « exclusion automatique de l’infiltré macroniste Muselier ».
Cette élection intervient au terme d’un quinquennat marqué par de fortes tensions entre l’exécutif et les maires. Peu après son arrivée à l’Elysée, alors qu’il avait annoncé la suppression de la taxe d’habitation, Emmanuel Macron avait été sifflé lors de sa première intervention au congrès de l’AMF. Le hashtag #balancetonmaire, lancé un an plus tard sur les réseaux sociaux par des membres d’ En Marche pour dénoncer les élus qui avaient augmenté la taxe d’habitation, est également resté en travers de la gorge de nombreux élus.