Le “faux” festival La Boum, qui avait “intéressé” 70.000 personnes virtuellement, a tout de même réuni plusieurs milliers de personnes. Plusieurs confrontations ont eu lieu avec les policiers.
Canular lancé sur Facebook par une poignée d’organisateurs, la Boum a finalement viré au pugilat, jeudi après-midi, au cœur du bois de la Cambre à Bruxelles. Avec, à la clef, de nombreux blessés.
Lorsque nous sommes arrivés au bois de la Cambre, un peu avant 17 h, la fête avait déjà commencé. Dans un cadre plutôt bon enfant, plusieurs milliers de jeunes étaient rassemblés dans la plaine qui borde l’étang. Certains s’amassaient par grappes et dansaient autour de plusieurs caissons, d’autres étaient rassemblés, assis, par petits groupes. La foule était dense, peu au fait des précautions sanitaires, et surtout très jeune. On se cherchait, on se trouvait, on s’enlaçait. “On vit seuls depuis un an, c’est long un an, surtout à notre âge, explique Sarah, 17 ans. On a fait des efforts mais on n’en peut plus.”
Peu après 17 h, plusieurs groupes de policiers ont tenté une percée dans la foule, saisissant un caisson et prévenant les fêtards qu’ils allaient revenir. “Cette fois avec moins de diplomatie”, alerte un policier.
Un camion de police passe sur la route. “Attention, la police va procéder à la dispersion des lieux, toutes les personnes seront susceptibles de recevoir une contravention”, crient ses haut-parleurs. Lorsque les policiers reviennent vers la crête, une policière lâche, comme désabusée : “Et moi je fais quoi ?”
Vers 17 h 10, une centaine de policiers décident d’avancer dans la plaine. Ils frappent dans leurs boucliers pour disperser la foule. C’est à ce moment que la fête dérape. Dans un premier temps, les policiers repoussent les fêtards dans plusieurs coins de la plaine. Mais ils se retrouvent pris au piège et la foule les encercle. Des coups sont échangés. La plaine est vidée.
Au centre, le commissaire-divisonnaire Michel Goovaert regarde l’affrontement qui se transforme petit à petit en bataille rangée : “On dirait Napoléon à Waterloo”, clame un photographe. Les fêtards sont devenus des manifestants. Cependant on entend peu de slogans politiques. Ça scande des “Liberté” et des cris à base d’onomatopées.
Comme les policiers sont acculés dans différents endroits, c’est la cavalerie qui doit gérer l’espace. Les cavaliers sont pris pour cible par certains manifestants qui lancent des bouteilles de bière et des canettes sur les chevaux apeurés. Selon nos informations, un cheval aurait été grièvement blessé au niveau de l’abdomen.
Dans la cohue, une femme est bousculée par un cheval. Elle reste au sol. Vers 18 h 10, les policiers se regroupent. On évacue les blessés. Un policier, porté par deux collègues, a le front en sang. En contrebas, la fête a repris autour de plusieurs caissons. Trois autopompes et six camions de police arrivent. Ils se regroupent et lancent une nouvelle offensive, plus coordonnée cette fois. Les manifestants se dispersent petit à petit. L’un d’entre eux nous dit en rigolant : “Franchement c’était le meilleur festival de ma vie, je reviendrai l’année prochaine.”
14 personnes ont été arrêtées administrativement et une autre judiciairement, selon un bilan communiqué vers 21 h 15 par la porte-parole de la police de Bruxelles-Ixelles Ilse Van de keere. Trois policiers ont été blessés. L’un d’eux, touché à la tête, a été transporté à l’hôpital. Parmi les participants au rassemblement, huit ont été blessés. Deux ont reçu des soins sur place et deux blessés légers ont été emmenés à l’hôpital.
Les blessés ne sont pas tous liés à l’intervention policière. Il y a par exemple un participant qui a été blessé par une barre de fer lancée par un autre participant.