Après une consultation citoyenne sur la consommation de cannabis des Français, le rapporteur de la mission parlementaire issue de la majorité, se dit favorable à une légalisation.
Le cannabis va-t-il vers une légalisation ? La consultation citoyenne sur la question s’est terminée ce week-end avec près de 250.000 contributions. D’ici à un mois, les députés de la mission d’information “règlementation et impact des différents usages du cannabis”, qui travaillent sur le sujet depuis un an, feront des propositions au gouvernement.
Et malgré l’opposition virulente du ministre de l’Intérieur au sujet, le rapporteur général de la mission d’information parlementaire sur le cannabis, Jean-Baptiste Moreau, député LaREM de La Creuse, se dit favorable, après s’y être opposé, à la légalisation du cannabis thérapeutique, des produits à base de CBD mais également du cannabis récréatif:
“J’ai changé d’avis. On a mené une cinquantaine d’auditions sur le cannabis récréatif. En écoutant, spécialistes, médecins et forces de l’ordre, en regardant ce qui se faisait à l’étranger, on a pu constater que la situation actuelle est intenable. En théorie le cannabis est interdit et nos jeunes en trouvent n’importe où, consomme n’importe quoi n’importe comment et le trafic créé une économie parallèle et un ordre public parallèle dans les quartiers”, plaide ce lundi matin sur RMC l’élu.
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“On pourra mettre toutes les forces de l’ordre qu’on veut on n’en viendra pas à bout”
Jean-Baptiste Moreau préconise désormais un référendum. “Le cannabis est une drogue, il faut le prendre comme une drogue. La légalisation ne veut pas dire qu’il faut faire tout et n’importe quoi, il faut l’encadrer et l’interdire aux mineurs. On a un million de personnes qui reconnaissent en consommer en France, on pourra mettre toutes les forces de l’ordre qu’on veut, on n’en viendra pas à bout”, assure-t-il alors que le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin est farouchement opposé à toute légalisation ou dépénalisation.
En attendant, l’étude va passer à la phase expérimentale. Pendant un mois, 3000 patients atteint de cinq pathologies différentes testeront le cannabis thérapeutique. Un décret doit également être ré-écrit concernant le cannabis “bien-être”, où le CBD, issue de la fleur de cannabis remplace le THC et a peu d’effets psychotropes : “La France s’oppose encore aux produits à base de CBD alors que toute l’Europe commercialise ces produits qui sont sans danger pour la santé publique et qui ne sont pas reconnus comme une drogue par l’OMS”, plaide Jean-Baptiste Moreau.
On estime que 18 millions de Français chez les 11-75 ans ont testé le cannabis au moins une fois au cours de leur vie, et que 5 millions de Français en consomment au moins une fois par an
Et si la France est le premier consommateur de cannabis de l’Union européenne, le pays est aussi l’un des plus sévères en matière de répression, en comparaison avec ses voisins. Selon les estimations du cercle de réflexion Terra Nova, la simple dépénalisation du cannabis pourrait permettre d’économiser 300 millions d’euros avec la baisse des coûts de la répression. Et les recettes fiscales avec la légalisation permettraient à l’Etat d’engranger entre 1,7 et 2,2 milliards d’euros.
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