La possible réouverture des salons de coiffure et de beauté ? Malheureusement, un trompe-l’œil

 

 

 

 

Le Robert définit ainsi un trompe-l’œil : une peinture décorative visant à créer l’illusion d’objets réels en relief, en perspective. Une perspective, c’est ce qu’a voulu donner le comité de concertation, aux coiffeurs, aux coiffeuses, et aux professionnels de la beauté, avec cette date du 13 février. Notons que cette réouverture est conditionnelle : “si la situation épidémiologique continue à évoluer positivement.” C’est un extrait de la notification, c’est-à-dire le texte sur lequel le comité s’est entendu vendredi. On voit, ces derniers jours, que la situation n’évolue déjà plus positivement. Mais surtout, le groupe d’experts n’était pas du tout favorable à une réouverture.

C’est la conclusion qu’on doit tirer à la lecture du rapport du GEMS. Le GEMS, c’est le groupe d’experts de stratégie de crise pour le COVID-19. Il est composé d’experts scientifiques, médicaux, économiques, psychologiques, etc. Et dès la première page du rapport qui a servi de base de réflexion au comité de concertation de vendredi dernier, on lit qu’il est “important de ne pas se lancer dans de nouveaux assouplissements avant d’être certain que cela ne créera pas une augmentation significative de la circulation du virus.”

Et concernant plus particulièrement les métiers de contact, les experts montrent, graphique à l’appui, que lors du pic de la 2e vague, les pros des secteurs de la coiffure et de beauté souffraient de taux de contamination deux à trois fois plus élevé que dans le reste de la population. Ci-dessous, voici l’incidence (nombre de cas sur 100.000 habitants) des secteurs du commerce général (ligne bleue foncée), des salons de beauté (ligne orange foncée), des salons de coiffure (ligne grise), de tous les travailleurs via l’ONSS (ligne jaune) et la population dans son ensemble (ligne bleu claire).

Surtout, les experts ont réalisé une série de calculs montrant que, malheureusement, une réouverture de ces secteurs pourrait provoquer jusqu’à 30.000 contaminations en 3 semaines. Sur la base des chiffres de ce matin, cela représenterait une quinzaine de jours de contamination. C’est le chiffre maximal. Une hypothèse plus conservatrice fait état de minimum 6000 contaminations sur ce même laps de temps. Soulignons aussi que toutes les catégories de la population, tous les âges seraient concernés par ces contaminations, de quoi donc, très fortement inquiéter les experts. Qui concluent ainsi, je cite : “à un moment où l’on n’est pas sûr de la direction des chiffres épidémiologiques, et où il est important d’éviter la propagation de nouveaux variants plus agressifs du virus, il vaut mieux continuer à subventionner ces professions plutôt que de risquer une flambée de l’épidémie, qui induira en outre un coût économique sur les secteurs actuellement ouverts et risquera ensuite de nouvelles mesures restrictives.”

Pourquoi, dès lors, donner une perspective ?

Parce qu’on en a besoin. Même si c’est un trompe-l’œil, on a besoin d’entendre qu’un semblant de retour à la normale puisse être envisagé. Qui n’a pas envie de retourner dans un salon de coiffure ou de beauté et de ressentir, à nouveau, la satisfaction de se sentir beau ou belle ? Même si, le 5 février, lors du prochain comité de concertation, il ne sera pas possible de permettre à ces secteurs de rouvrir, ce qui semble probable, au moins on s’en approche. Ce message positif des gouvernements, vendredi, il n’était pas uniquement à destination des métiers de contact. Il l’était, en fait, à nous tous et toutes : tenez bon. On doit tenir bon. Encore quelques semaines. Si on tient bon et que les chiffres baissent, on pourra être présentable, capillairement parlant, pour la St-Valentin. Cette séquence politique, elle rappelle immanquablement le réveillon de Noël, la pression mise sur Frank Vandenbroucke pour donner de l’air pour les fêtes de fin d’année. Le ministre de la Santé avait accepté l’idée d’en reparler, si les chiffres le permettaient. Les chiffres ne l’ont pas permis et les Belges ont inventé Noël via Skype. Aujourd’hui, c’est ce Noël à distance qui nous permet ce lundi, de parler coupe de cheveux et mise en beauté, et pas d’un troisième confinement comme c’est le cas chez nos voisins français.

 

 

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